Sherlock Holmes

Détective consultant
Détective consultant

Son caractère

 

7.8 Son caractère


Comme tous les êtres humains, Holmes est complexe et souvent contradictoire, à la fois dans sa personnalité et dans ses attitudes.

 

Il apparaît comme sans émotion et replié sur lui-même, scientifique jusqu'à l'insensibilité, comme un véritable automate, une machine à raisonner, radicalement inhumain, avec un masque d'Indien Peau-Rouge qui, tant de fois, le fait passer pour une machine insensible et non pour un être humain.

 

Il place, au-dessus de tout, la précision et la concentration de la pensée.

Watson fait constamment référence à son agitation et à son impatience, à sa nervosité et à son excitation, à son naturel curieux et avide, à sa manie de se ronger les ongles quand il est préoccupé, à l'importance qu'il porte à son orgueil, à sa réputation, au respect de lui-même et à un certain égoïsme.

 

Il ne se range pas parmi les gens qui placent la modestie au nombre des vertus. Pour le logicien, les choses sont ce qu'elles sont, et se sous-estimer est, tout autant que se surestimer, une altération de la réalité.

« Ce que l'on fait en ce monde importe peu. La question, c'est ce que vous pouvez faire croire que vous avez fait. » (STUD ).

 

Il est égotiste et didactique et on dit de lui qu'il est aussi sensible à la flatterie, quand il s'agit de son art, que n'importe quelle femme quand il s'agit de sa beauté.

 

Une de ses plus grandes faiblesses, c'est qu'il supporte mal les intelligences moins vives que la sienne, et il peut être franchement méprisant pour ceux qui lui sont inférieurs mentalement, et pour ceux avec qui il n'est pas d'accord.

 

Cette conduite ennuie particulièrement Watson très souvent.

 

Bien qu'il laisse le crédit de ses affaires à la police, il s'irrite d'un manque de reconnaissance.

 

Il se garde toujours la possibilité d'agir seul car l'aide qu'il trouve à l'extérieur est toujours ou insignifiante, ou réticente.

 

Il s'intéresse à une affaire pour aider les fins de la Justice et le travail de la police. S'il se tient à l'écart de la police officielle, c'est d'abord parce qu'elle le tient à l'écart. Il n'a nul désir de marquer des points à ses dépens.

 

Mais il aime bien taquiner les détectives officiels en leur donnant des indices tout en négligeant d'expliquer leur signification. Il s'amuse.

 

En réalité, il ne souhaite pas leur masquer l'évidence. Ses yeux étincellent de malice quand il fait miroiter la preuve dans la tragédie de Birlstone, par exemple (VALL).

 

S'il est dur avec les autres, il ne s'épargne pas lui-même. Il se fait des reproches quand il est trop lent à résoudre le problème.

 

Des autres, il aime les attentions, l'admiration et les applaudissements (SIXN).

 

Sa nature froide, qui ne se préoccupe pas de gloriole aux yeux du vulgaire, est touchée par les louanges d'un ami.

 

Il aime impressionner ses clients par l'étalage de ses facultés et surprendre ceux qui l'entourent. Comme un artiste, il est en représentation. Il y a en lui une certaine veine artistique qui l'attire sur la scène.

« L'inculpation brutale, la main au collet, que peut-on faire d'un pareil dénouement? Mais la subtile déduction, le piège malin, l'habile prévision des événements à venir, le triomphe vengeur des théories les plus hardies, tout cela n'est-il pas la fierté et la justification du travail de notre vie? » (VALL).

 

Il avoue souvent être incapable de se refuser une note dramatique. Il a parfois tendance à faire sa propre justice et assouvir une vengeance personnelle (FIVE, 3GAR).

 

Une ou deux fois, avoue-t-il, dans sa carrière, il a senti qu'il avait commis plus de mal véritable en découvrant le criminel qu'il n'en avait fait, lui, par son crime.

 

Il pardonne les vengeances personnelles des autres et avoue qu'il se sent directement responsable de la mort du docteur Roylott (SPEC).

 

Il n'hésite pas à utiliser des méthodes illégales pour une cause juste à ses yeux (CHAS) et souvent il imagine qu'il pourrait être un criminel très efficace s'il utilisait ses talents contre la loi, ce sur quoi Scotland Yard est bien d'accord (GREE).

 

Comme tous les grands artistes, indique Watson, il est fréquemment impressionné par l'ambiance extérieure et il reconnaît avec humour qu'il croit au Genius Loci mais sans doute seulement entre deux affaires car quand il est en enquête, il peut s'élever au-dessus de telles influences et possède au plus haut degré la faculté très remarquable de se libérer l'esprit à volonté.

 

Il prête peu d'attention à sa sécurité quand son esprit est absorbé par une enquête (bien qu'il affirme qu'il est stupide, plus que courageux, de refuser de croire au danger quand il vous menace de près) et il est très contrarié par tout ce qui vient distraire son attention.

« Une intense concentration mentale a le pouvoir étrange d'anéantir le passé », dit-il.

Et pour cela il ne souhaite pas que deux affaires se chevauchent.

 

Professionnellement, Holmes est le seul en Europe à posséder ces dons et cette expérience.

 

Pour cette raison, il refuse l'ordinaire. Il est la dernière cour d'appel. Quand on lui dit que ses critères pour choisir une affaire sont discutables, il répond que le rang de son client lui importe moins que l'intérêt de son affaire.

« L'homme qui a la passion de l'art pour l'art tire souvent ses plaisirs les plus délicats de manifestations mineures ou soi-disant inférieures. » (COPP).

« On n'est jamais assez instruit, Watson. L'instruction s'acquiert tout au long d'une série de leçons et la dernière est la plus grande. » (REDC).

 

Il refuse d'agir si son client ne lui dit pas tout ce que confirme Watson :

« Quelques problèmes relatifs à des secrets de famille sèmeraient, s'ils étaient révélés, l'effroi et la consternation dans de hautes sphères de la société. » (THOR).

« La discrétion et le sentiment élevé de ses devoirs professionnels qui ont toujours animé mon ami président à notre choix : aucun abus de confiance ne sera commis. » (VEIL).

 

Absolument dépourvu de cruauté, il est néanmoins endurci à force de vivre dans le sensationnel.

 

Holmes se décrit lui-même comme n'ayant jamais été un individu très sociable. A part Watson, il déclare ne pas avoir d'amis et n'encourage pas les visiteurs.

 

Il montre une réticence à nouer de nouvelles amitiés et préfère vivre dans la solitude et l'isolement.

 

Il fait preuve d'insouciance et d'une veine mi-cynique, mi-humoristique mais la dureté n'est pas dans sa nature, nous dit Watson qui souligne sa gentillesse et cette sorte de gaieté sinistre qui caractérise ses meilleurs moments.

 

Il est remarquable par sa courtoisie et il est passé maître dans l'art de mettre les plus humbles à leur aise et possède presque un pouvoir hypnotique qui lui permet d'apaiser quand il le veut. « Je pense que chacun d'entre nous recèle une petite étincelle d'immortalité », remarque-t-il.

« La vie est pleine de fantaisie, Watson », dit-il.

 

Et, quoiqu'il se défende de rire souvent, il rit, sourit, plaisante fréquemment.

 

Holmes a ses habitudes, des habitudes strictes et rigoureuses.

 

Au début de leur association, Watson les considère comme normales et faciles à vivre mais rapidement il les requalifie d'excentriques et d'anormales, présentant Holmes comme un des hommes les moins ordonnés qui aurait jeté hors de ses gonds n'importe quel compagnon d'existence.

 

Il a une vie de bohême. Il s'entraîne au tir au revolver dans son salon. Il a horreur de détruire des documents. Il range ses cigares dans un seau à charbon, son tabac au fond d'une babouche persane et sa correspondance en attente de réponse sous la lame perforatrice d'une couteau à cran d'arrêt fiché en plein milieu de la tablette de la cheminée.

 

Son incroyable manque de soins, sa prédilection pour la musique à des heures que tout un chacun réserve au sommeil, son entraînement au revolver en chambre, ses expériences scientifiques aussi étranges que malodorantes, l'ambiance de violence et de danger qui l'entoure font de lui le pire des locataires de Londres.

 

Mais sans ses dossiers, ses analyses chimiques, son désordre habituel, il n'est pas à l'aise.

 

L'amour de la nature ne fait pas partie de ses dons innombrables. Il n'éprouve pas le moindre attrait pour la campagne ni pour la mer, jusqu'à sa retraite.

 

Retiré dans le Sussex, il s'adonne entièrement à cette vie apaisante de la nature à laquelle il dit avoir si fréquemment aspiré pendant les nombreuses années passées dans les ténèbres londoniennes. (LION).

 

Son esprit lucide, froid, admirablement équilibré répugne à toute émotion en général et à celle de l'amour en particulier.

 

Il apparaît sans sentiment, saturnien et peu démonstratif. Ses émotions se sont émoussées à force de vivre dans le sensationnel.

 

« L'émotivité contrarie le raisonnement clair et le jugement sain. » affirme-t-il (SIGN).

 

« J'utilise ma tête, pas mon coeur. » (ILLU)